Nous sommes devant une pandémie, c’est-à-dire une épidémie qui touche toute l’humanité. C’est la COVID-19 (Cornavirus Disease-19) causée par le virus appelé Sars-Cov2 (coronavirus de type 2 du syndrome respiratoire aigu sévère).
Selon l’OMS, il y aurait 250 millions de personnes infectées sur Terre et 4 millions de décès. Mais elle précise qu’il faut, pour avoir une meilleure estimation, multiplier ces chiffres par 4. En effet, dans de nombreux pays, le décompte est sous-estimé par manque de tests. Par ailleurs, il y a de nombreux décès induits par la saturation des systèmes de santé, en lien avec l’afflux de patients atteints de la COVID-19. Tout cumulés, il pourrait y avoir près d’un milliard de personnes atteintes responsables directement ou indirectement de 12 millions de morts.
L’humanité a subi de nombreuses pandémies dans son histoire : la variole, la peste, la grippe dite « espagnole », le choléra, le SIDA... Le nombre de morts est toujours catastrophique. Ce fut le cas en Guadeloupe de fin novembre 1865 à mars 1866, où des villes entières furent décimées par le choléra. Bouillante par exemple en Guadeloupe, perdu 15 % de sa population. À l’époque, on ne savait pas ce qu’étaient ces épidémies et il n’y avait pas de traitement, sauf les traitements traditionnels qui ne suffisaient pas.
Dans la lutte contre les fléaux que sont les maladies infectieuses, la vaccination sauve des millions de vies chaque année. Ils permettent d’éduquer le système immunitaire qui nous permet de nous défendre contre les microbes, en général et notamment contre les virus. Ainsi, lorsqu’un organisme vacciné est attaqué par le virus, il est capable de le neutraliser et de l’éliminer dans la plupart des cas avant qu’il ait pu entraîner les lésions des organes comme le poumon dans la COVID-19. Le taux de succès d’un vaccin c’est-à-dire sa capacité de protection n’est jamais de 100 %. Par exemple le vaccin contre la grippe ne protège qu’à 60 % environ des infections.
La COVID-19 est une maladie qui touche terriblement nos territoires, surtout cette 4e vague. Dans nos territoires de Guadeloupe, Martinique, Guyane ou La Réunion, des milliers de personnes sont aujourd’hui malades. C’est une maladie qui provoque principalement une atteinte des poumons. De ce fait, les personnes atteintes souffrent de graves troubles respiratoires qui peuvent nécessiter un passage en réanimation pour recevoir de l’oxygène à l’aide de respirateurs. Mais elle peut également atteindre le cerveau, les muscles, le cœur, le système sanguin, digestif… De même, après la phase aiguë, en dehors des séquelles, parfois très graves, liées au passage en réanimation elle peut se prolonger avec une diminution plus ou moins importante de vos capacités respiratoires, avec des douleurs chroniques, des difficultés de concentration, une altération du goût, de l’odorat… On appelle cela, le « COVID long ».
Et parce que cette maladie est particulièrement grave chez ceux qui sont âgés, diabétiques, hypertendus, en surpoids, nos populations sont impactées par cette infection. Aujourd’hui, à cause du variant delta, la situation est catastrophique et touche de plus en plus de personnes et maintenant même des sujets jeunes sans aucune autre maladie. Nos hôpitaux sont submergés et les personnels sont sur les rotules. Le nombre de lits des urgences a été multiplié par 3 et bientôt par 4, car de nombreux patients qui devraient aller en service de réanimation ne le peuvent pas, faute de places. Les soignants en 1re ligne sont obligés de faire des choix extrêmement difficiles et douloureux psychologiquement pour eux, les patients et leur famille.
Il y a néanmoins un espoir de sortir de cette crise sanitaire, c’est qu’il existe des vaccins très efficaces, en particulier ceux dits « à ARN messager ». Ces vaccins sont de type nouveau pour prévenir les maladies infectieuses comme la COVID-19, mais leur technologie est ancienne et déjà utilisée avec succès dans les cancers. Les travaux scientifiques préalables à leur homologation et les résultats des 2, 5 milliards de doses administrées dans le monde depuis 9 mois (au 20 août, 2,5 milliards de personnes, soit un tiers de la population mondiale ont bénéficié d’au moins une dose), indiquent qu’ils protègent dans plus 90 % des cas contre les formes graves et mortelles.
La plus grande preuve de leur efficacité est malheureusement ce que l’on observe en Guadeloupe et en Martinique : aujourd’hui dans les CHU seuls 0,5 % des patients hospitalisés sont vaccinés et aucun d’entre eux n’est admis en réanimation et ne décède, à l’exception de patients sévèrement immunodéprimés et ayant de lourdes comorbidités et qui n’ont pas répondu au vaccin comme malheureusement la plupart des patients transplantés d’organes ou traités par des médicaments qui bloquent notre immunité comme dans certains cancers ou maladies auto-immunes.
La recherche mondiale n’a jamais été aussi active pour trouver d’autres thérapeutiques. Pour l’instant, elle n’a pas encore trouvé de médicament qui a une meilleure efficacité protectrice que les vaccins.
C’est pourquoi, la communauté scientifique internationale dans son ensemble recommande que l’on puisse vacciner le plus vite possible et le plus massivement possible, non seulement pour éviter des souffrances, mais aussi pour éviter l’apparition de nouveaux variants qui pourraient être encore plus contagieux. La grande difficulté à laquelle le Monde a à faire face c’est la disponibilité des vaccins. Heureusement, ce n’est pas notre cas.
Les réticences qui pouvaient être légitimes au début de la vaccination, quand il y avait peu d’expérience sur l’efficacité et la sécurité du vaccin, ne le sont plus aujourd’hui. En effet le taux de protection des formes graves à l’échelon individuel est quasi absolu, les effets secondaires graves sont exceptionnels et aucun ne sont attendus après deux mois (l’ARN du vaccin disparaissant rapidement de l’organisme), et la tolérance du vaccin est bien meilleure que même une forme bénigne de la COVID-19. Aujourd’hui il n’y a donc plus aucun argument scientifique pour ne pas se faire vacciner dès maintenant et sans attendre pour éviter un traumatisme qui pourrait se renouveler dans les mois qui viennent (une 5e, voire une 6e vague) et auquel nous aurons beaucoup de difficultés à nous relever.
C’est le but de notre démarche, c’est le sens de l’appel que nous avons lancé en août 2021 qui est actuellement soutenu par plus de 800 professionnels de santé (covidurgenceoutremer.com) venant de tous horizons.
On signé cet article, les membres du Comité de Pilotage de CovidUrgenceOutremer
Dr Jose-Luis BARNAY
Pr Raymond CÉSAIRE
Dr Anne CRIQUET-HAYOT
Pr Jacqueline DELOUMEAUX
Dr Frédérique DULORME
Dr Loïc EPELBOIN
Dr Otilia FERREIRA
Dr Tania FOUCAN
Dr Moana GÉLU SIMÉON
Dr Emmanuel GORDIEN
Pr Olivier HERMINE
Dr Élodie HUOT
Christine KOWALCZYK
Dr Frédéric LOUIS
Pr Philippe MATHURIN
Dr Patrick MAVINGUI
Dr Magalie PIERRE DEMAR
Pr Patrick PLAISANCE
Dr Patrick PORTECOP
Dr Patrick RÉNÉ-CORAIL
Pr Serge ROMANA
Dr Rudy VALENTINO
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